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Dans la série « Urgences »…
Sur un plateau rendu stérile avec un peu d’alcool et une allumette pour faire flamber le tout, des gants évidemment non stériles, du coton imbibé d’alcool pour l’asepsie cutanée, une seringue de 10cc dont l’aiguille servira pour la PL et le tube, préalablement désadapté du piston, pour recueillir le prélèvement.
L’enfant hurle et le liquide eau de roche jailli en un magnifique jet sur ma blouse. Vite, je récupère une vingtaine de gouttes dans le tube de la seringue, sans oublier d’en boucher l’orifice avec mon doigt.
On met en place le traitement, la quininothérapie. Là aussi je rigole. En France, on emploie la Quinine avec un nombre infini de précautions, on surveille la glycémie, le iono, les signes de surdosage… on fractionne en /8 heures.
Non, parce que sinon, c’est quand même assez curieux, cette démarche nonchalante commune à presque tous mes collègues, en presque toute circonstance. Ils prennent leur temps, nettoient leurs otoscopes avec une application déconcertante, restent scolaires jusque dans les observations où les externes rédigent avec des phrases et des courbettes « Nous avons reçu ce jour en consultation un patient de 2 ans et 7 mois, de sexe masculin, aux antécédents personnels de drépanocytose, ne dormant pas sous moustiquaire, présentant à l’examen clinique un problème respiratoire avec tirage, … etc »… quand moi je ne sais plus écrire que par tirets depuis que j’ai bossé l’internat : « NRS 2 ans 1/2, garçon, drépanocytaire connu, 0 moustiquaire. Examen clinique : Détresse respi (Tirage +, …) etc ».
Bon, il y a quand même une catégorie de patient pour lesquels je ne sais pas faire vite, ce sont les nouveaux né. L’observation d’un nouveau-né, c’est d’une longueur déprimante. Ce serait facile de se dire qu’un petit bout de mois d’un mois de vie a moins d’un mois d’histoire à raconter… et bien c’est faux.
Souvent, c’est encore plus compliqué que ça, on se retrouve avec le bébé, le père et la sœur de la mère, sans le carnet de suivi, et on joue aux devinettes :
La ponction lombaire est-elle vraiment nécessaire dans ce contexte ? Et l’ECBU ? le cathéter peut être périphérique plutôt qu’ombilical ? Et dans les antibios, combien coûte une ampoule d’ampicilline ? Et une ampoule de genta ?
Plusieurs fois, il a soupiré en recevant nos ordonnances. Tergiversé un peu. Est-ce que c’est bien indispensable ? Est-ce que je dois faire vraiment ça aujourd’hui ?
Il a accepté de rester pour la nuit, d’attendre le médecin de néonat’ qui serait là le lendemain, pour en discuter avec lui.
Cet article, publié dans Africa, Med'scene, est tagué Afrique, néonatologie, pédiatrie, ponction lombaire, Stage, Urgences. Ajoutez ce permalien à vos favoris.
bravo, c’est magnifique
belle leçon
beau partage
et à coté, jaddo et son dernier billet…on croit rêver du décalage !
merci
merci, pour le partage
J’ai fait un seul petit stage en zone tropicale, toute jeune externe donc avec beaucoup moins de responsabilités que toi, mais on s’en rappelle toute sa vie des examens limités, des installations rudimentaires, et surtout on mesure toujours après la facilité avec laquelle en France on déroule la liste des examens complémentaires et autres surveillances bio sans avoir la moindre idée de ce que ça coûte en vrai… alors peut-être pas à chaque seconde, mais certainement plusieurs fois par semaine tu auras une pensée pour ce que tu as vécu là.
Dans la série « ça n’a rien à voir », le choix est fait? C’est pédiatrie alors??
Quand je lis ça, ça me rappelle « mon utopie » d’Albert Jacquart: la santé n’est pas un business comme les autres.
Quand je fais une ordonnance- de quoi que ce soit : médicament,examen,soin- je pense toujours au coût supporté par la société. Parfois en enlevant 24h de traitement, on gagne une boîte de médicament, et chaque examen est demandé dans une orientation précise ( j’estime qu’on ne va pas à la pêche, et oui on ne trouve que ce que l’on cherche, et si on ne trouve pas c’est qu’on s’est trompé ). Je ne pense pas pourtant que mes patients soient moins bien pris en charge que d’autres ( sinon ils ne reviendraient pas, héhé ! )
Un médecin de la sécu peut toujours venir me demander des comptes, je peux argumenter chacune de mes prescriptions. Je reste toujours pantoise devant certaines pratiques hospitalières, je pense que c’est un monde à part.
Un jour un patient « AME » ne se plaignant de rien, ayant un examen normal me demande « un bilan complet » … il est reparti sans rien et je ne pense pas le revoir un jour. On peut se plaindre de déremboursements, du forfait hospitalier, etc, mais si les patients en France n’étaient pas si déresponsabilisés des coûts ( et idem pour les prescripteurs ) alors peut être que le gouffre de la sécu ne serait pas si grand ?
Avoir des exemples d’ailleurs pour comparer n’a que du bon, je pense.
Alors merci pour ces textes.
Bonjour,
Je suis en train d’aménager un blog, également avec le thème Twenty ten.
Je cherche à changer la taille de la police de mes articles.
Pouvez-vous m’indiquer comment avez-vous fait pour y parvenir ?
Merci d’avance !
Xavier
« Je ne pense pas pourtant que mes patients soient moins bien pris en charge que d’autres ( sinon ils ne reviendraient pas, héhé ! ) »
Pas forcément… http://boree.eu/?p=809
(Je n’insinue nullement que vous soyez un mauvais médecin. Je pointe juste le fait que chez les nuls aussi, les patients reviennent).
@Marie : ici, le nombre de généralistes au m2 est impressionnant, c’est facile de changer .. ! Le bouche-à-oreille circule très très bien, tout ce sait ;=)
Et puis ce patient ( après un laps de temps certain, certes … ) a changé de médecin , non?
( pas de soucis, je sais bien que vous n’insinuez rien )
Je crois sincèrement que je n’aurais pas l’estomac de faire ça (de l’humanitaire); ce que tu décris me semble relever du septième cercle de l’enfer… Je crois vraiment que je ne pourrais pas et je te tire mon chapeau (evidemment cela dit, personne ne me le demande et c’est tant mieux ;)) )
Sinon pour le cout des soins je suis comme soleil de Marseille (très belle ville ;)) ) depuis que je suis en libéral je connais précisément le prix d’une compresse et d’un set à pansement (vu que c’est moi qui paye…) et je fais beaucoup plus attention, plus rationnel dirons nous… (d’ailleurs à l’occasion d’une fete mes cops de l’hosto m’avaient fait un kit de conneries (genre une combi dessinée, des bandes et des compresses) comme on en a l’habitude à l’hosto ou le matériel dégueule sans qu’on le voit…) j’ai cassé carrément l’ambiance en leur chiffrant le coup de leur « blague »….
Donc le cout sans être une obsession doit quand même être aussi une réalité je pense…
a+
yann
salut,
déjà, merci de prendre le temps de nous raconter tout ça.
je voulais te demander : dans quel cadre tu es partie ? c’est de toi-même, ou un organisme du type IFMSA ou autre ?
Quelle horreur, j’ai beaucoup trop de retard sur mes réponses à vos gentils commentaires, là !
Gélule > Oui oui, Pédia, j’ai eu de la chance :-)
SoleilDeMarseille > Comme Marie, je ne suis pas certaine, même dans une ville avec beaucoup de médecin dans un petit périmètre, qu’on puisse juger de la qualité de son travail au nombre de patients fidèles. Par contre, je trouve que le « je suis capable d’argumenter chacune de mes prescriptions » allait plutôt dans le bon sens côté qualité des soins :-)
Maison de l’urbanisme > Ils ont pas une FAQ chez wordpress ? Anyway, y’a un menu avec marqué « paragraphe » au dessus du menu d’édition de l’article. En cliquant dessus et en mettant « titre 5 », on arrive à la taille de ma police.
Yann > Le coût devrait être présent dans nos pensées, je suis d’accord, s’il n’altère pas la qualité des soins. Mais comment, puisque on n’a aucune idée (et aucun moyen de savoir) du coût de nos prescriptions (médicaments, examens, petit matériel…) ?
Cam G. > Notre fac autorise les stages à l’étranger pour notre dernier stage d’été (juillet – août de la D4). Après de longues z’et pénibles démarches pour mettre en contact les différentes structures et réunir tous les papiers, j’ai pu partir :)
je connais le coût grace au vidal intégré dans l’ordi, comme beaucoup de généraliste je pense.
Faut dire que les conditions de réalisation sont plus rudimentaires.. oui je confirme !