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La poussière rouge
C’est qu’il faut les voir conduire, les taximans, et vous comprendrez. Dans ces taxis collectifs où l’on monte à 3 derrière et 2 devant sur le siège passager, en plus du chauffeur, le code de la route est savamment réinterprété à la manière de Yaoundé : on se dépasse dans tous les sens en frôlant la carrosserie du voisin, si une file est bouchée, on en crée une deuxième. Si deux files sont bloquées, essayons d’en faire une troisième. S’il y a encore la place dans un carrefour encombré, on passera encore à côté, dans une quatrième, cinquième, sixième file… finalement, l’important c’est d’avancer ! La route, profondément défoncée par endroits, voit les voitures contourner les crevasses par tous les moyens, et finir leurs restes d’amortisseurs dans les trous qui ne peuvent être évités. Quand ils veulent contourner les embouteillages, les taxis s’enfoncent dans les quartiers, dans des raccourcis aux chemins non goudronnés où je n’aurais jamais cru qu’une voiture puisse s’aventurer.
Pendant un long moment, c’est cette conduite en taxi qui m’a le plus fasciné dans cette ville.
– Ne prends pas le taxi toute seule !
Devant mon intégration rapide, ils ont bien fini par me laisser prendre seule le taxi le matin pour me rendre à l’hôpital. C’est facile, il faut annoncer sa destination et son prix quand le chauffeur ralentit à ton niveau. Moi c’était, chaque jour : « Hôpital Central, trois cent »… et quand arrivait une voiture dont c’était la direction, le chauffeur faisait un signe de la main pour me dire de monter, ou bien un coup de klaxon… parfois, il se déplace juste vers la droite pour se garer, sans rien dire, et il faut comprendre que tu es bien la personne concernée.
Cet article, publié dans Africa, Eyes and ears, est tagué Afrique, Cameroun, Stage, Taxis. Ajoutez ce permalien à vos favoris.
On s’y croit vraiment… Super article… la description est tellement vraie…
J’ai l’impression de retourner un an en arrière et de me retrouver au centre de Yaoundé…
Oui, super article. Une introduction à de nombreux autres, j’espère.
Contente de te relire. Superbe bannière aussi. A très vite !
« ne pas changer le monde », comme cette leçon est dure à intégrer !
bravo!
continue à écrire, tu le fais bien.
comme commenté au dessus
merci de nous faire si bien partager ces moments
j’ai retrouvé du vécu avec les taxi- brousses de Madagascar (on met la clé pour démarrer puis après on la retire et glisse ds sa poche
et ça roule (bon pas toujours bien d’accord)
6 derrière 4 devant … aussi
et en effet quelle libération ce sentiment
bonne démarche qui t’as permis d’avancer et …de construire justement
j’ai hâte de lire tes prochains billets
mais je prendrai le temps d’attendre aussi
Bon retour à toi et Merci pour ce beau voyage par procuration…On s’y croirait!
J’ai hâte que tu nous racontes la suite!
j’ai moi meme passé deux mois à dire « Hopital central, deux cent » l’été dernier. Tu n’imagines pas les souvenirs que tu as fait remonter! ( ou plutot si en fait, je pense que tu imagines très bien!!) tu as tout parfaitement décrit, les taxis et leurs petites phrases, le bruit incessant, les couleurs dans tous les sens, les conseils des gens et puis l’adaptation qui se fait en quelques jours des que tu t’es habituée aux « la blanche, la white »à tout-va et qui fait que tu n’as juste plus envie de partir… bon tu l’as compris, j’attends les suivants avec impatience!
J aime beaucoup le passage ci dessous, qui me rappelle mon premier contact avec la Chine, comme une evidence. Tres beau blog, bonne continuation!
Très vite, j’ai réalisé que je me sentais à ma place dans cet environnement pourtant si éloigné du mien. Pour une fois dans ma vie, je me sentais vraiment toute petite, poussière blanche au milieu de la poussière rouge, et j’en tirais une légèreté nouvelle. Loin de l’Europe où pèsent sur les épaules de chacun la situation économique mondiale, le réchauffement climatique, et toutes les petites révolutions qu’aiment faire les français… j’étais comme soulagée d’un fardeau. Dans une ville tellement polluée, aux inégalités sociales si grandes, qui aurait bien besoin de changements immenses, je crois que j’ai enfin compris quelque chose de vraiment très très bête et pourtant essentiel : je ne changerai pas ce monde.
Bin c’est idiot, mais moi ça me changeait, hein.
Comme je n’avais plus pour mission de changer le monde, je pouvais au moins ouvrir grand les yeux pour comprendre et pouvoir raconter ces lieux après mon retour.