La panne.

Non, je ne suis pas morte.
Non, je n’ai pas été embarquée dans une sordide histoire de traite des blanches.
Non, je ne suis pas restée à l’autre bout du monde pour soigner des petits africains.
Non, je ne me suis pas mariée avec un beau camérounais (même si les demandes n’ont pas cessé).
Non, mon avion n’a pas brutalement changé de direction pour me déposer dans une autre contrée exotique.
Bref, je suis bien arrivée. Et j’ai un milliard de choses à vous raconter.
Y’a juste un hic, vous allez pas me croire.
Je sais pas par où commencer.
Vrai de vrai.
J’ai de magnifiques images qui me viennent, des photos que je n’ai pu prendre qu’avec les yeux.
Un gamin qui apprend tout juste à marcher, et qui essaie déjà de porter un sac sur la tête.
Une jeune fille magnifique, des tresses aux talons-aiguilles et robe de soirée, s’engageant dans un chemin en terre au milieu de nulle part.
Une grand-mère en cabas coloré (leurs « boubous »), sac à main sur l’épaule et sac de commissions sur la tête.
L’amie qui m’accueillait là bas en train de danser du bikutsi dans son salon.
Une drépanocytaire à couettes qui me fait un dessin après sa transfusion et son passage en réa.
Un prématuré, ancien 1200g, qu’on sort de la couveuse parce qu’il est assez gros.
Une maman qui m’appelle « docteur ! » en plein milieu du marché.
Le marché justement, avec ses montagnes d’épices, de condiments, son maïs, son kpwem, ses tomates, ses couleurs, ses odeurs, le monde et la vie partout.
Yaoundé et ses sept (seulement sept ?) collines fascinantes. Et ses files de taxis jaune dans des états variables de décomposition, avançant dans un concert de klaxon.
Douala
et sa pluie ininterrompue (c’est la petite saison des pluies, dans l’hémisphère sud).
Limbe et son odeur de pétrole, partout.
Kribi et sa plage magnifique, mais sans un seul surfeur sur ses énormes vagues.
Bandjoun
, ses montagnes et son froid glacial, de jour comme de nuit (on aurait pu me dire, quand même, qu’il ne fait pas chaud partout, tout le temps, en Afrique).
Bertoua, sa route non goudronnée et ses nuages de poussière rouge.
Et dans tout le pays, les bars et leurs bières plus faciles à trouver qu’une bouteille d’eau.
Voilà, j’avoue : je pourrais vous donner des souvenirs en vrac comme ça pendant des pages et des pages, mais raconter une histoire, ça s’emmêle dans mes doigts, ça veut pas.
Mais j’y travaille, promis.

A propos openblueeyes

Apprentie docteur en pédiatrie.
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6 commentaires pour La panne.

  1. l'antique dit :

    Eh Bien voilà un magnifique début,
    les images sont bien là, partagées et présentes,
    yapluka continuer,
    on attend !
    :)

  2. yann dit :

    Content d’avoir de tes nouvelles; bon retour en France!

  3. Barbara dit :

    idem
    bon retour
    merci pour ces premiers instants, impressions sensations
    ce partage
    on a immédiatement des images qui viennent

    prendre ton temps de toute façon les images tu lers as pour toujours gravées

    je t’embrasse amicalement

  4. Gélule dit :

    Contente de te lire à nouveau !
    La panne… quelle panne?? rien que par ces petites impressions, tu nous donnes déjà à voir et à sentir de loin la richesse de tes deux mois passés là-bas!
    Bon retour à toi alors, et au fait, que fais-tu de beau à partir de novembre??

  5. SoleilDeMarseille dit :

    Maintenant, le dépaysement, c’est la métrople héhé !!!
    Très joli descriptif par touches colorées façon « Impressionniste »
    Contente d’être partie/contente d’être revenue, c’est le plus important ;=)

  6. openblueeyes dit :

    L’antique > Ben voilà, continuation débutée, on espère que l’inspiration va durer.
    Yann > Merci ! :)
    Barbara > Merci aussi
    Gélule > Héhé, c’est la grande question. Pédiatrie quelque part en France, mais où ?
    SoleilDeMarseille > Tu ne crois pas si bien dire. Quand je suis rentrée dans ma ville, je n’en croyais pas mes yeux. Vraiment. Comme si je n’avais jamais habitée ici. Incroyable. Vivement que je reparte :)

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