Paracétamol et grossesse, tout ce bruit pour ça ?

Non mais c’est quoi cette psychose ?!
Alors ça y est, je m’absente quelques jours semaines pour prendre mes marques à l’internat, et voilà qu’un énorme buzz venu de l’espace fait la une dans le milieu médical des femmes enceintes.
Si vous habitez dans une grotte (spycho, toujours ?), vous l’ignorez peut-être : il paraitrait que le paracétamol pris pendant la grossesse causerait des dommages sur l’appareil génital des futurs petits garçons.
Ce qui est probablement FAUX, on verra pourquoi dans la suite, mais qui a entrainé une médiatisation délirante.
Faut dire qu’un sujet sur les noisettes de ces messieurs que leurs mamans empêcheraient de descendre, ça touche la fierté des hommes ET la culpabilité des mères. Un vrai jackpot marketing.
On a donc eu droit à de supers articles qui feraient bien rigoler s’ils ne s’adressaient pas au public que l’on sait, ne s’encombrant pas vraiment de principes de précaution :
– Le Monde titre : Le Paracétamol facteur de risque pour les fœtus. Et il ne prend pas plus de pincettes dans le reste de ce papier hallucinant d’affirmations fausses.
– Information Hospitalière insiste même sur le fait que les femmes de l’étude aurait pris du paracétamol pour des douleurs « banales ». Femmes enceintes, vous vouliez vous rassurer en minimisant votre consommation d’antalgiques ? Perdu !
20 minutes et e-santé sont (à peine) plus modérés.
Alors même si le Dr Borée a déjà tout dit ici, je ne résiste pas à l’envie de vous donner mon interprétation de cette étude. Parce que quand même, faudrait que mon enseignement obligatoire de Lecture Critique d’Article me serve un peu à quelque chose, et l’article qui fait polémique (en version intégrale ici) est un beau concentré de tout ce qui se fait de pire en matière de publication scientifique :
– Alors, commençons par la revue dans laquelle ce magnifique papier a été publié : Human Reproduction. Il y a un outil (imparfait, certes, mais un outil quand même) qui nous permet de comparer l’importance d’une revue scientifique : l’Impact Factor. Pour faire simple, le plus haut est le mieux. Pour l’année 2009, celui de HR est inférieur à 4. Celui du JAMA (une référence) par exemple est de 28,9. No Comment.
– Continuons par le début : le Titre. Il devrait (en plus d’être « clair, précis, honnête et pertinent » selon les fiches de D4 que j’ai ressorties pour vous !) exprimer une problématique, pas affirmer comme dans ce cas que « L’exposition intra-utérine à des analgésiques « légers » EST un facteur de risque pour le développement de problèmes de fertilité chez les mâles humains et rats ». NON ! Ca ne marche pas comme ça ! Quand bien même les résultats seraient super positifs, il faudrait s’armer de conditionnels et de points d’interrogations, et demander en conclusion la confirmation par d’autres études plus sérieuses.
L’introduction ensuite. On nous rappelle que c’est grâce à la testostérone (sécrétée très tôt par les cellules de Leydig de nos petits fœtus mâles) que les coucougnettes descendent, depuis leur position lombaire initiale jusqu’à leur fière place définitive. Si ça ne se passe pas correctement, ça peut conduire à une «cryptorchidie » (oui, testicule se disait « orchid », en grec, c’est mignon non ?). Et CHEZ l’ANIMAL, les inhibiteurs des prostaglandines (PG de leur petit nom) pourraient aller interférer avec les cellules de Leydig, diminuer la production de testostérone, et donc gêner cette bonne descente masculine (à ne pas confondre avec la descente de la bière, qui ne survient chez l’homme qu’à partir de l’adolescence, mais qui est tout aussi impressionnante).
Bref, ça se tient. Pour les AINS (les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens. L’ibuprofène ou tous les trucs en « profène », notamment) et l’aspirine, qui ont pour propriété d’inhiber la synthèse des fameuses PG, ça paraitrait logique. Ok.
Mais Quid du Paracétamol, notre bon vieux Doliprane® des familles ? Ce n’est pas un anti-inflammatoire, que je sache ? Rien à voir avec les PG, donc. (1) On reste sans explication, à l’introduction, du pourquoi avoir cherché des noises à ces trois molécules ENSEMBLE.
Premier bug, dès l’introduction. Ca promet.
– Les méthodes ensuite :
1/ Le type d’étude
Alors, un premier truc qui m’énerve : on mélange une étude chez l’homme et une étude chez le rat. Les gars, si vous voulez faire un travail sérieux, évitez de mélanger les torchons et les serviettes, merci ! On peut faire de la très bonne recherche clinique d’une part, et de la très bonne recherche fondamentale d’autre part. Mais foutre homme et animal dans une même étude, (que l’on me corrige si je raconte n’importe quoi) mais d’aucun diraient que c’est du travail de sagouin.
Pourquoi ? Parce que c’est le meilleur moyen pour faire des raccourcis trop rapides. Le paracétamol freine la production de testostérone chez notre ami le rat ? Mettons-le dans une étude où on n’a aucune explication physio-pathologique pour dire que c’est la même chose chez l’homme, mais où ça nous arrangerait bien quand même, et faisons des grandes phrases de conclusion dithyrambiques !
Vous voulez un autre exemple ? Le paracétamol, c’est über-toxique chez le chat. Oui, nos amis les chats (qui, reconnaissez-le, nous paraissent un poil plus proche de l’homme que le rat), vous leur donnez un quart de comprimé de doliprane®, et ils meurent ces tapettes.
Alors faire des études chez l’animal, tant que vous voulez, mais on ne saute pas dessus d’emblée pour dire que c’est strictement la même chose chez l’homme, ok ?
Ensuite, une question qu’on se pose souvent quand on analyse des articles : quel est le design de l’étude ? Le schéma, si vous préférez (comme un de mes profs de LCA qui ne supportait pas les anglicismes). Et est-ce qu’il répond à la question posée ?
Alors, on nous dit qu’on a recruté des femmes enceintes de manière prospective (On les inclut dans l’étude à un moment t, selon certains critères. On les observe pendant x années, on note en temps réel tout ce qui nous intéresse, puis on voit ce qu’elles deviennent à la fin de la période d’observation). Il faut savoir que chez les chercheurs, une étude « prospective », c’est trop la classe. Ca veut dire qu’on a travaillé dur, dépensé beaucoup d’argent, et fait attention à tous les facteurs extérieurs qui pourraient fausser les résultats (on les appelle « facteurs de confusion ».)
Dans ce cas, je ne suis vraiment pas certaine que le mot « prospectif » soit utilisé à bon escient, parce qu’on nous explique qu’on a envoyé un questionnaire écrit, ou téléphoné, aux femmes au 3e trimestre (à la FIN de la grossesse, pour les hommes distraits en cours de bio qui nous suivraient encore), en leur demandant si elles avaient avalé des cachets durant toute la grossesse (donc AVANT, si je suis bien logique).
Je sais pas vous, mais moi ça me fait furieusement penser à du rétrospectif, c’t’histoire.
Un autre indice qui nous fait penser à du rétrospectif, c’est le calcul statistique qui a été fait : on a calculé un truc qui s’appelle l’Odds Ratio. Avec des vraies cohortes prospectives (celles qui ont trop la classe), on a le droit de calculer le « Risque Relatif ».
Un exemple par exemple : On a pris des femmes enceintes (date d’inclusion, celle du trait bleu sur le clearblue), et pour la moitié on les a fait fumer vingt cigarettes par jour jusqu’à la naissance, pour l’autre moitié on les a interdit de clope du 1e au dernier jour. On compare le nombre de retard de croissance in utero (RCIU) dans les deux groupes. On peut alors calculer le risque relatif RR. Comme ça, on sait qu’une femme fumant 20 clopes par jour durant toute sa grossesse a RR fois plus de risque d’avoir un RCIU chez son bébé.
Bien sûr, on n’a pas le droit de le faire POUR DE VRAI. Parait que ce serait pas éthique. Mais on a le droit de calculer le Risque Relatif. Et toc.
L’Odds Ratio, c’est un peu le pis-aller du résultat statistique. Quand on ne peut pas faire autrement, bon, on brode avec ça, en faisant une étude « cas-témoins ».  Mais dans ce cas là, qu’est-ce qu’on fait ?
On prend un groupe de bébé avec RCIU, le groupe « cas ». On prend un groupe de bébé sains, dans la même maternité, et on l’appelle le groupe « témoin ». Chez les deux groupes on va voir combien de mamans ont clopé pendant la grossesse. Et par un astucieux produit en croix (2), on va arriver à un nombre OR, ressemblant à peu près au RR.
Là, ils ont fait exactement pareil : ils ont pris les bébés aux cacahuètes non descendues à la naissance d’un côté (les « cas »), les bébés sans problème de l’autre (les « témoins »). Ils ont demandé aux mères de chaque groupe si elles avaient avalé des anti-douleurs. Et ils ont fait leur produit en croix.
Mais à aucun moment ils ne parlent de « témoin ». Jamais. Par contre, ils utilisent beaucoup le mot prospectif…
2/ Les patients inclus
Alors ça aussi c’est une histoire sympa. Un genre de malhonneteté intellectuelle Et/Ou de bêtise, je ne sais pas vraiment.
Y’a un truc qu’on sait dans les études rétrospectives (les « cas-témoins » donc ), c’est que le recueil des données est souvent peu fiable. Les gens oublient (c’est le biais de mémorisation. Essayez de vous rappeler combien de Doliprane® vous avez pris dans les 6 derniers mois. Facile, hein ?), minimisent (demandez à un alcoolique d’évaluer sa consommation d’alcool quotidienne, ça vous donnera une idée), il y a forcément des infos manquantes.
Et on sait aussi, depuis très tôt dans l’apprentissage de la médecine, que l’interrogatoire est un art :
– Vous prenez de l’alcool tous les jours ?
– Non.
– Et de la bière ?
– Ah ça, oui, mais c’est pas de l’alcool.
– Et du vin le midi ?
– Mais oui mais ça c’est pas pareil…
– …
– Vous avez des problèmes de tension ?
– Non.
Relecture du dossier : 3 anti-hypertenseurs quotidiens depuis 15 ans.
– …
– Vous prenez des médicaments ?
– Non non.
– Et de l’aspirine ?
– Bin oui quand j’ai mal à la tête le soir en rentrant du boulot, mais ça compte pas, si ?
– Et des trucs aux plantes ?
– Oh, y’a bien les gouttes/sirops/pilules de ma belle-sœur qu’est naturopathe, mais ça compte pas, si ?
– …
Et ces triples-buses, ils se sont aperçus, à leur plus grand étonnement, que sur les milliers de femmes qu’ils avaient recruté, seulement 30% avaient répondu « OUI» et précisé « des antalgiques » à la question « Avez-vous pris un médicament pendant cette grossesse ? » sur le questionnaire écrit.
Contre 56 à 57 % de réponses positives quand les questions étaient posées clairement au téléphone : « Avez-vous pris un anti-douleur au cours de cette grossesse, que ce soit un antalgique habituel ou un produit plus fort ?»
Comme pour certaines ils avaient à la fois envoyé le questionnaire écrit ET passé un coup de téléphone, ils ont pas pu ignorer le phénomène.
Bien embêtés, ils ont fait au plus simple : ils n’ont étudié que les données recueillies au téléphone. Pratique, non ? J’imagine bien les Jean-Michels directeurs de l’étude :
– Oui, alors Jean-Mi, tes Danois ils me font vraiment chier avec leurs chiffres. On va passer pour des guignols avec nos 491 patients au total ! Heureusement que vous avez un taux de cryptorchidie qui défie toute concurrence. En France, on aurait eu 4 testicules non descendus, va faire des analyses statistiques avec ça !
– Fluguwxhcu blu
– Oh le Finlandais, ça va, hein ! Je SAIS que t’as inclu plus de patient que ton copain danois et que t’as fait tout ça pour rien parce qu’on va pas utiliser tes résultats, mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ? D’toute façon, j’sais pas parler elfique, alors je vais rien te dire, voilà.
– Fluuuuguwxchu blu
– Non mais le prend pas mal ! Bien sûr que je vais l’écrire, que t’as inclu 2728 mamans, examiné 1499 garçons à la naissance, et récupéré 1463 questionnaires remplis. On essaiera de publier autre chose avec ça, si tu veux. Mais pour l’instant, essayons de tirer quelque chose des entretiens téléphoniques, ok ?
Ben ça, on m’a appris à l’école que c’était de la perte de données, et qu’il fallait détourner ses yeux chastes de toute étude utilisant un tel procédé, parce que les résultats ne seraient pas fiables du tout. (3)
– Les résultats :
Oui, on y vient ! Alors, s’il n’y a qu’un seul résultat que vous devez retenir c’est celui-là :
“Of the mothers with cryptorchid sons, 64.3% (27 of 42) reported the use of mild analgesic during pregnancy versus 55.5% (249 of 449) of mothers with healthy boys [adjusted OR 1.43 (0.73–2.79) p=0,33]”
Traduction : notre Odds Ration ne montre PAS de DIFFERENCE SIGNIFICATIVE, ça veut dire que ce qu’on voit, c’est comme si le hasard avait fait la même chose. D’ailleurs, vous voyez les chiffres entre parenthèse après le OR ? Un truc simple : si tout est au-dessus de 1, c’est un facteur de risque, vous allez vérifier si les méthodes sont les bonnes, s’il n’y a pas trop de biais, et ensuite vous êtes content, vous avez démontré quelque chose. Si tout est en dessous de 1, vous avez étudié un facteur protecteur. Soit c’est pas fait exprès et faut aller vérifier vos calculs, soit l’étude porte sur le régime à base de céleri et les maladies cardio-vasculaires, et là, vous avez marqué un point aussi.
Là, on a : 0,73-2,79, ça croise le 1.  C’est raté. On ne peut rien en tirer. (4)
Si vous doutez encore, le p = 0,33 vous le confirme : en dessous de p = 0,05 on admet que ce n’est sans doute pas le hasard qui a donné le résultat que l’on obtient, et donc qu’on peut le relier au facteur de risque étudié. Parce qu’on a consenti au départ un risque de 5 % de se tromper.
Donc au dessus de p = 0,05, c’est ininterprétable.
C’est le seul résultat à regarder et à retenir, parce que c’est le seul qui répond à la question posée au départ. Faut pas être trop malin pour lire un article, hein : UNE question posée = UNE réponse. Ce qui s’éloigne du sujet : on l’ignore. Pas parce qu’on est foncièrement ingrat vis-à-vis du travail des chercheurs, non ! Mais parce qu’on pense que l’étude a été construite toute entière dans le but de répondre à UNE question, celle qu’on trouve dans la dernière phrase de l’introduction. C’est pas beaucoup plus compliqué. (5)
Mais comme les auteurs sont obstinés (et qu’ils voulaient sans doute justifier les fonds alloués pour cette étude), ils ont fait plein d’autres calculs. Vous les trouverez dans le tableau. C’est pas mal, parce qu’on sait qu’on augmente le risque de se tromper si on fait plein de calculs. Dans notre jargon on dit d’éviter les comparaisons multiples, parce que sinon on augmente le risque de trouver un résultat « faussement significatif ». Quelque chose qui parait significatif, mais qui ne l’est que parce que c’est le 99e calcul différent sur un même échantillon. Le hasard voudrait que ça tombe en dessous des 5 % réglementaires, mais comme le hasard est joueur, des fois il ne se conforme pas tout à fait à ses propres prédictions.
Donc oui, peut-être que si on se gave de paracétamol + ibuprofène + aspirine dans une période particulière de la grossesse, on risque de gêner la descente des bijoux de famille du futur héritier. Mais il y a tellement de doutes qui planent sur cette étude qu’on ne peut même pas discuter de cette hypothèse sérieusement.
– Enfin, et je terminerai par ça : il y a un dernier truc qu’on appelle « validité externe » qui traduit une question toute simple : « Est-ce que cette étude est applicable chez moi, dans le contexte dans lequel je vis ?».
On aurait pu y répondre dès le début : la cryptorchidie est 10 fois moins fréquente chez nous que dans le pays où l’étude a été conduite.
Il y a sans doute un milliard de causes qui peuvent l’expliquer, mais ça prouve bien une chose : on aurait mieux fait de laisser cette étude à nos amis danois, évitant ainsi la psychose, et de retourner boire des bières sodas (par solidarité avec nos amies enceintes) en mangeant des biscuits apéros (à défaut de fromage au lait cru et autre charcuterie).
Allez, bon courage, et surtout ne lâchez rien !
1 : En fait, le Paracétamol est considéré dans certains rares papiers comme un AINS par son inhibition de la synthèse des PG au niveau du système nerveux central. Mais il n’inhibe que de façon vraiment minime les COX périphériques (et donc la synthèse de PG à ce niveau). Et comme la testostérone est produite au niveau périphérique (oui, dès la période fœtale) par les cellules de Leydig, je ne vois pas très bien à ce stade pourquoi on a mélangé le paracétamol avec l’aspirine et l’ibuprofène.
2 : Pour les amateurs de LCA (ou plus pragmatiquement ceux qui ont un petit concours à passer avec ça dedans) : pour l’Odds Ratio, à partir de votre tableau de contingence, vous multipliez les associations logiques (a x d) et vous divisez par le produit des associations pas logiques (b x c), et pouf, un Odds Ratio qu’il est beau.
3 : Le problème, pour ceux qui veulent approfondir, c’est une histoire de fluctuation d’échantillonnage. Quand on fait une étude dans un pays, on devrait prendre l’intégralité de la population d’un pays pour que ce soit fiable. Comme ça fait beaucoup trop de monde, on va sélectionner un « échantillon » de personnes représentatives de la population de ce pays. Et on va le sélectionner au hasard, pour être sûr de ne pas fausser les résultats.
Le gros problème ici, c’est qu’on ne sait pas comment sont sélectionnées les femmes enceintes au départ : consultations en maternité ? Feuilles de déclaration de grossesse ?
Sur quel critère leur a-t-on demandé de venir dans l’étude ? Mystère.
Et on ne sait pas non plus quelles sont les personnes qui ont répondu au questionnaire. Est-ce qu’elles étaient plus cultivées que les autres ? Ca pourrait introduire un biais si leur niveau d’éducation fait qu’elles sont plus sensibilisées aux risques des médicaments pendant la grossesse.
Et pourquoi certaines ont été contactées par téléphone ? Sur quels critères toujours ? Est-ce que c’est tiré au hasard dans la population déjà sensée être au hasard pour représenter la population totale ? Vous voyez qu’on s’y perd.
4 : Il y a de très rares cas où on va utiliser le résultat quand même malgré la grande déception d’un chiffre non significatif : l’exemple qui me vient est celui de HYVET, l’étude sur le traitement de l’hypertension artérielle chez les patients de plus de 80 ans, arrêtée à peine trop tôt, sans doute. Mais elle est méthodologiquement parfaite, cette étude.
5 : C’est pareil quand on vous parle de critères primaires et secondaires. Les importants, c’est les primaires ! Les secondaires, ils figurent même pas sur votre résumé le jour des ECN, vous ne les regardez pas ! Et quand vous serez praticiens, vous y jetterez un œil distrait en gardant à l’esprit que c’est bien beau de diminuer le cholestérol (critère secondaire), mais que si c’est pour augmenter la mortalité (critère primaire) de 40 %, c’est peut-être pas la peine.

A propos openblueeyes

Apprentie docteur en pédiatrie.
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28 commentaires pour Paracétamol et grossesse, tout ce bruit pour ça ?

  1. Borée dit :

    Bravo d’avoir complété ainsi mon billet. Merci d’avoir développé la partie la plus aride de ce boulot.
    J’ai beau n’avoir jamais fait de « LCA » à la Fac, je ne m’en sors pas trop mal en général mais je n’aurais pas su tout décortiquer ainsi et l’exprimer aussi clairement.
    Je te rajoute en post-scriptum. :)

  2. Ping : Le blog de Borée » Pauvres de nous

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  4. Fluorette dit :

    Une honte cette médiatisation. Je le répète
    Bravo pour ce beau travail de vulgarisation (et bravo à Boree aussi)

  5. openblueeyes dit :

    Merci beaucoup à tous les deux, Borée pour m’avoir convaincue d’écrire cette analyse (oui parce que ton article a fait office de coup de pied au cul, j’aurais pu laisser couler encore une bonne semaine avant de me persuader que c’est trop tard…), et merci Fluorette pour le lien de l’article (‘achement plus pratique pour travailler, un vrai support !)

  6. LBV dit :

    Bravo pour cette belle analyse expliquée selon la LCA pour les nuls ce qui m’arrange bien!
    ça me rappelle un article sur Atoute  » touche pas a ma prostate » et celui qu’avait fait Jaddo ensuite: de quoi avoir des arguments pour discuter avec nos patients.
    J’ai fait zéro LCA en FMI et un tout petit peu en FMC mais je sens bien qu’il faut quil’ y ait des yeux de lynx et des neurones en éveil pour décortiquer les études qu’on voudrait nous faire gober…
    ça me rappelle aussi un « staff labo » en diabeto pour lancer je ne sais quel antidiabetique avec des belles courbes si jolies en couleur pour nous montrer comme il était trop bien le médicament même qu’il diminuait le risque( je sais plus si c’est l’absolu ou le relatif) de 50 % de je ne sais quoi sauf que en gros ça le faisait passer …de 2 à 1% certes … 50% de rien c’est toujours 50% à prendre pour la pub du labo…devant des diabétologues béats…
    Merci pour ce blog que je découvre grâce à mes passage chez Jaddo
    Si j’ai bien compris tu va être pédiatre ça sera sympa de voir ta formation de l’intérieur, les tribulation d’une interne en pédiatrie !
    Bonne route

  7. 10lunes dit :

    Bon ben bravo ! J’ai tout compris.
    Et je dois reconnaitre que ça relève de l’exploit pédagogique…

  8. Waou ! C’est du lourd ! Clair, précis et intelligent.
    …et pédagogique.
    Merci !

  9. Mistinguette dit :

    Au secours !
    S’il te plait, retire le comm. précédent : j’ai écrit sous l’id. de ma fille et ça emmène direct sur sa page perso… vite ! Merci !!!

  10. Mistinguette dit :

    …et c’est dommage qu’il n’y ait pas moyen d’annuler un comm. sur wordpress : sur blogger, tu as une ‘tite poubelle qui permet d’effacer une mauvaise manip…

  11. Mistinguette dit :

    …et ouf ! après vérification, sa page perso n’étant pas publique, on ne peut y accéder comme ça !
    Tu as le droit d’effacer tous mes comm. qui encombrent ces lieux ! Et merci quand même pour ton article ! :o)

  12. Ping : Regarder en arrière « Journal, deuxième partie.

  13. eosine dit :

    Bravo pour cette très jolie explication de texte !

  14. Saviglia dit :

    Bonjour, j’ai vraiment apprécié votre explication. Je souhaite m’en servir pour écrire un article qui pourrait être lu par un public de préparateurs en pharmacie : seriez-vous d’accord pour que je mette un lien vers votre site ? J’ai aussi cherché une adresse de contact, mais sans succès, donc je vous laisse un message… J’ai trouvé votre critique bien argumentée, c’est ce genre de regard qui manque souvent dans la presse scientifique et qui peut être plus largement diffusé grâce au net. Sans vouloir aller dans le « on nous cache tout, on ne nous dit rien », il est rafraîchissant d’avoir des médecins (ou apprentis) qui prennent le temps de décortiquer ces publications super-techniques. C’est un travail qui mérite une plus vaste diffusion, d’où la raison de mon post. Je serais ravie de discuter avec vous, et de me présenter bien sûr, si vous en avez le temps. Cordialement, Saviglia

  15. Zou dit :

    Wouhouuuuuuu *trépigne trépigne* ma bébé-toubib-pédia-brownie est de retour, plus remontée que jamais, fidèle à elle même ! Mais maintenant INTERNE !! Wouhouuuu !
    Bon, passons les effluves de joie, je suis ravie de te lire à nouveau et surtout sur des trucs toujours trèèès intéressants ! Merci ! mouah!

  16. Openblueeyes dit :

    10lunes, mistinguette, eosine, zou : merci beaucoup !
    Saviglia : je vais créer de ce pas une adresse de contact !
    En attendant, aucun problème pour mettre un lien vers cet article. Je serais moins d’accord s’il s’agissait de citer des passages du texte hors contexte, mais un lien de me gène pas.

  17. Néwick dit :

    Merci ! J’aime pas la LCA surtout parce qu’elle est rarement bien présentée, mais vu comme ça… c’est très pratique, clair et précis !
    Un D4 qui te remercie

  18. eosine dit :

    Tiens d’ailleurs, un autre biais dans ce cas là, qui rejoint ce que tu écris déjà : j’ai assisté à une conf de pharmaco-épidémio il y a un an et demi, avec une intervenante travaillant justement sur le thème « médicaments et grossesse », une équipe de Toulouse, qui avait également travaillé sur le vaccin de l’hépatite B et la SEP.
    Eux ont trouvé que les mamans dont les bébés avaient une malformation déclaraient rétrospectivement plus de médicaments utilisés… Je suis bien placée pour savoir que l’on se torture plus la tête dans ce cas là.

  19. yann dit :

    Coucou et tout d’abord merci pour le lien… (qui vient un peu de nulle part MAIS qui fait toujours plaisir hein ;)) )

    Bon sinon moi cette étude ne m’étonne pas trop pour 2 raisons :

    1- Ça a un peu déconouillé avec les « -phenes » chez les femmes enceintes… Personnellement j’ai appris ça totalement par hasard et sur le mode « sos tous aux abris » alors je me dis que les chercheurs testent tout ce qu’ils peuvent maintenant?

    2- Comme j’ai l’esprit trés mal tourné je trouve que cette histoire tombe à pic… Non mais quand même le message induit c’est  » Est ce que si la femme a voulu éviter la douleur pendant la grossesse, cela ne va pas jouer sur la virilité de son fils à venir ? » Elle est pas belle celle là ? En des temps de retour aux couches lavables et au accouchements bio en mordant des bouts de bois… Moi je propose comme prochaine étude: « Est-ce que l’excès de péridurale n’est pas responsable du nombre croissant d’homosexuel voire de transgenre ? »…

    Bon enfin, j’dis ça, j’dis rien hein… Évidemment que la médecine et les médecin sont toujours imperméables au bain idéologique qui les entoure ;)))

    Bel article en tous cas!

    a+

    yann

  20. openblueeyes dit :

    Mais nan, le lien il vient pas de nulle part, c’était rapport à spycho et sa grotte (je voulais pas te piquer l’idée sans te faire un ptit clin d’oeil ;)

    Et pour éosine : c’est très très vrai, ça, j’aurais pu le rajouter parmi les biais (mais j’ai eu un peu la flemme vers la fin, donc j’ai zappé des trucs, mea culpa)

    Et pour Néwick : contente que ça puisse aider. J’ai encore des trucs en réserve pour un prochain article. Si j’ai le courage, donc, j’essaierai de renouveler l’expérience. Mais pas tout de suite.

  21. Nan mais dis donc, je savais pas que tu avais recommencé de publier, tu aurais pu prévenir ! A fallu que j’aille chez la dresseuse d’ours pour l’apprendre :o)

  22. Jim dit :

    Salut,

    Tu es sure qu’il ne s’agirait pas la d’une cohorte dite « historico-prospective » ?

  23. Eole dit :

    Merci « O.B.E » pour cette très intéressante L.C.A. Ou comment montrer que la LCA, ça sert après l’ECN, ce dont doutent certains D4.
    J’aurais quand même tendance à penser qu’on nous formate pas mal pour « dénigrer » toute étude si elle n’est pas prospective, de cohorte, etc. Pareil pour les critères de jugement secondaires, les universitaires les aiment bien généralement.

    J’espère que ton internat se passe bien.

    Un D4, qui apprécie toujours autant tes billets!

  24. openblueeyes dit :

    Muriel > Ah mais faut suivre hein ! Mais je sais bien, quand on n’arrête pas de fuir les tentatives de meurtre, c’est difficile… ;)

    Jim > Pardon pardon, mais à la première lecture, ton commentaire m’a fait hurler de rire. Je ne connaissais pas du tout ce truc, et je me suis dit que vraiment, les D4 allaient se compliquer la vie pour rien…
    Bon, je me suis documentée depuis, et j’avais bien tort de me moquer, puisque ce machin existe. J’ai trouvé ce document très bien fait : http://www.medecine.univ-montp1.fr/enseignement/cycle_2/Autres-Mod-Oblig/MB6/commun/MB6_Epidemio_RC_enquetes_epidemiologiques_observationnelles.pdf
    Tu avais donc raison, on est à la limite de la cohorte rétrospective (ou historique) : on regarde en arrière MAIS on fait comme si on avait suivi les gens depuis le début (il faudrait dans ce cas être infaillible sur le recueil de données, ce qui n’est pas le cas ici), et de la cohorte historico-prospective, puisque le statut « cryptorchide »/ »non cryptorchide » vient après le recueil de données initial.
    Ceci dit, les auteurs de l’étude n’ont pas du tout comprendre non plus, puisque dans ce cas on se replace dans le modèle « exposé/non exposé » et on calcule un vrai risque relatif qui envoie du bois !
    Dans tous les cas, merci de la précision :)

    Eole > Bah de rien, hein. Surtout si je fais des erreurs !
    Par contre, mon propos n’était pas de dénigrer l’étude pour le principe, mais d’essayer de donner des arguments clairs pour éventuellement discuter de manière plus raisonnée sur le contenu.
    D’ailleurs je m’en sors peut-être pas si bien que ça, parce que c’est quelque chose finalement beaucoup plus difficile que le dénigrage systématique. Et que c’était bien trop long d’aller souligner en détail les quelques points positifs de l’article, comme j’aurais du faire pour apporter une vraie analyse équilibrée.
    Mais en gros, mon but était à la fois de partager un peu de bases théoriques de LCA pour mes amis D4/étudiants/curieux, et de montrer qu’on fait des gros titres avec des choses qui ont des bases bien peu solides…

  25. Boris Zilber dit :

    Bonjour
    J’ai beaucoup apprécié cet article, son ton, et la force de son argumentation
    Nous cherchons, justement, à la SFMG ( Société Française de Médecine Générale http://www.sfmg.org ), à ouvrir la première page de notre site, en toute liberté, à des « billets d’humeur  » … venant éventuellement de non-membres de la SFMG.
    Seriez vous d’accord pour une des formules suivantes:
    – quelques lignes de votre part avec un lien vers cet article, dans votre blog, ou un document pdf à télécharger
    – quelques lignes de notre part avec un lien vers cet article, dans votre blog, ou un document pdf à télécharger
    – un billet d’humeur de votre part reprenant à votre guise, votre article
    – ou une autre formule à votre convenance ….
    En tout cas bravo !
    Amitiés
    Boris Zilber
    Directeur Département Internet SFMG

  26. openblueeyes dit :

    Bonjour monsieur Zilbert,
    Pas de problème pour quelques lignes (de votre part, par contre, parce que là le temps me manque cruellement) et un lien sur cet article. (En prenant en compte le fait que cette article est plein d’oublis et d’erreurs comme on peut le voir sur les commentaires précédents… !)

    A tous : j’ai créé l’adresse openblueeyes (at) gmail.com si certains veulent me contacter par mail (mais par commentaires ça va très bien aussi :) )

  27. Barbara dit :

    joyeuses fêtes ! à bientôt!

  28. Pepper dit :

    Mais sinon, le paracétamol, ça dégomme les chats mais ça ressuscite les coqs. J’ai déjà vu un coq de basse-cour à l’article de la mort avec la tête pendouillante à qui on a filé du paracétamol pour achever ses souffrances; le lendemain, il gambadait partout tel un poussin au printemps.

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